1. Atelier de travail manuel fer, place de la Trémoille par J.DION


     Le vendredi après-midi, régulièrement, quelques uns d'entre nous, en bleu de travail, sautions par la fenêtre, celle qui est face aux urinoirs actuels dans le roquet du Palais, et allions assister.. aux séances du tribunal situé tout à côté, dans le Palais de Justice.
     Evidemment dans ce tribunal, tout en étant discret, nous ne passions pas inaperçus!
Et un beau jour, en plein cours de maths, ou de trigonométrie avec" bébert", il nous annonce: Au fait, je tiens à dire à certains d'entre vous, que le Président du Tribunal est un de mes amis" ( dit avec le roulement de rrrrrrr bien connu..).
Plus personne n'est allé ensuite au tribunal… ?? Curieux non !

2. Monsieur BLIN et ses élèves : par Guy MORIN

     Un fort gentil garçon, A. MONSALLIER, fils d'une vieille famille de la ville avait échoué au Brevet, examen disparu aujourd'hui mais qui couronnait la fin des études du premier cycle. Son chagrin fut immense, à la mesure de son déshonneur. Il lui fallut redoubler, dans ma classe de 3ième A précisément.
     Un jour Monsieur BLIN, professeur de français hors pair nous donna à disserter sur un événement malheureux qui avait attristé notre jeune vie.
     A. MONSALLIER raconta son échec. Lui qui sans doute avait été collé à un examen à cause de sa grande faiblesse en composition française nous livra un petit chef- d' oeuvre. En nous le lisant , car c'était son habitude concernant les meilleurs devoirs. Monsieur BLIN, pourtant peu réputé pour sa tendresse avait les sanglots dans la voix. Toute la classe pleurait.
     En plus de l'émotion, cela nous avait plongé dans l'angoisse pour l'examen à venir et plus d'un parmi nous a décidé de redoubler d'efforts pour assurer le succès...
     Mon frère Raymond m'avait raconté une aventure semblable survenue quatre plus tôt à notre ami Denis. Peu doué en littérature lui non plus, il avait raconté la mort de son père, employé des ponts et chaussées dont le camion citerne avait été mitraillé par méprise par un avion anglais.
     Le journaliste avait décrit le drame dans le journal local. Mais raconté par le fils orphelin, c'était autre chose...
     Monsieur BLIN, lui même chroniqueur plutôt drôle dans les " nouvelles mayennaises ", assez sévère et distant avec les élèves qu'il vouvoyait, nous a beaucoup marqués.

3. C.C de filles et C.C de garçons par Jacques DION.

     Il se raconte qu'un jour, Mlle POMMIER, directrice du C.C de filles , excédée de voir ses filles "harcelées" par les gars du C.C est venue voir" Bébert "pour lui demander : Monsieur LEGENDRE, quand ramasserez vous vos coqs ?
     Je ramasserai mes coqs quand vous ramasserez vos poules!..( et comme toutes ses répliques toujours dites avec le roulement de "R" spécifique à "Bébert")
Légende? Peut être, mais savoureuse pour sa réponse.

4. C'est régulier - en 1951 ? par François RICHEZ

     Au premier étage du bâtiment place de la Trémoille, au-dessus de l'atelier de travail manuel fer, nous avions nos cours de dessin industriel et de technologie.
     Cette année- là les cours étaient faits par un jeune professeur assez timide: Monsieur ALEOS ( je ne garantis pas l'orthographe ). Malheur à lui. Il habitait à St Berthevin et venait en Solex. Combien de morceaux de sucre ont été égarés dans son réservoir?...
     Par un bel après-midi ensoleillé, nous devions avoir cours à 13h 30. Il arrivait normalement par la rue des Déportés. N'étant pas à l'heure, une vague de fronde commence à déferler sur le groupe. Quelqu'un dit: S'il n'est pas là à 2 heures, on se barre.. Ce qui fût dit fût fait.. Toute la classe a dévalé le Roquet du Palais voisin ( il ne fallait surtout pas repartir par la rue des Déportés ) y compris un certain Maurice Régulier et son vélomoteur. Chacun d'entre nous s'est trouvé un nouvel emploi du temps pour l'après-midi ( en majorité le baby-foot ..).
Le lendemain matin, nous avions cours de maths avec "Bébert".
     Après avoir attendu que nous soyions installés, avec un sourire en coin,, il nous dévisageat à tour de rôle et dit: - J'ai appris qu'hier, vous étiez tellement fort en dessin industriel que vous avez séché le cours de Monsieur ALEOS à l'exception d'un seul d'entre vous que je félicite et qui a été très.. Régulier.
     Les autres, eh bien rendez-vous dimanche, rue Eugène Jamin - mais vous connaissez déjà - et nous ferons des maths. Après tout cela ne sera pas inutile parce qu 'en maths vous êtes loin d'être des vedettes..!
     Nous sommes allés bien sûr le dimanche en colle mais à l'issue du cours de travail manuel fer la semaine suivante les deux pneus du vélomoteur de notre ami REGULIER étaient crevés ( à la pointe à tracer ).. Régulier ?
Qui a dit que cette jeunesse était impitoyable !

5. Chahut d'élèves années 58-59 ? par Jacques DION.

     Atelier mécanique fer. Prof Monsieur JUDE issu de l'industrie, sans doute sa première année d'enseignant. Aucune pédagogie ? Aucune autorité ?
     Enfin année difficile.. pour lui. Le cours de technologie à l'étage, était un chahut ( avec un grand B….l ). Et ce qui devait arriver arriva. Aidé de "Bébert "qui lui suggère de coller toute la classe un dimanche complet, rue Eugène Jamin, école primaire et logement de Madame LEGENDRE ( et là on faisait des maths avec lui ).
     Et un jour, l'un de nous capte une conversation entre JUDE et "Bébert ": alors c'est d'accord je vous envoie les secondes dimanche.



Ce n'était pas tombé dans l'oreille d'un sourd! La consigne était vite passée: aucun chahut au prochain cours.
     Effectivement, la fois suivante, ordre, discipline, silence. En rang au pied de l'escalier : "montez, debout, chacun près de son bureau- Assis. Silence. Je revois l'angoisse dans les yeux de JUDE et j'imagine à combien pouvait battre son cœur! "Qu'est-ce qui va m'arriver?" devait-il se dire. Et il se met à interroger au hasard sur le cours précédent. Et là, aucune réponse, silence. Un seul commentait, BEAUMIER, " M'sieur il doit pas savoir ou il ose pas répondre"- " Alors toi BEAUMIER, qui parle, tu peux répondre, et BEAUMIER de répliquer, les lèvres pincées entre les dents: " non, M'sieur, moi j'ai mal aux lèvres" !
On n'a pas été consignés, on n'a pas chahuté non plus, mais qu'est ce qu'on pouvait être "cons "quand même.
L'année suivante, JUDE était de nouveau parmi nous, et cette année- là tout s'est très bien passé!

Clément et Anatole par Jacques DION

     Il était une fois, un élève surveillant originaire de Montenay, Clément TROLET, au demeurant très agréable camarade, toujours calme, normalement bosseur, mais quand même assez doué.
Ce Clément possédait un scooter de marque Vespa, la mode à l'époque, enfin pour les plus fortunés. L'ami Clément avait la fâcheuse habitude de laisser son scooter sur le trottoir, clés de contact bien en vue, toute la journée, et même parfois ( enfin souvent ), la nuit, malgré nos nombreuses injonctions à le mettre à l'abri.
     " Peuh! Il ne risque rien; il est devant le bâtiment des flics! "C'est vrai rien n'arrivait. glorieuse époque! Mais nous, les autres pions, restions inquiets pour lui.
Et un soir que notre ami Clément accompagnait une sortie d'internes à une quelconque conférence : ligne maritime d'outre-mer? MAHUZIER? J.M.F? Nous, ses copains décidons de passer à l'action et de lui donner une leçon.
     La concierge et son mari apparemment vaincus par Morphée - il fallait nous mêmes ne pas nous faire prendre, la porte délicatement ouverte, le scooter discrètement entré dans la cour et, la première idée, on le planque dans le fond de l'établissement ( là, actuellement où la porte est d'origine ), sous l'escalier, bref dans un endroit où peu d'élèves passent. Mais c'était quand même peu, et des profs ou le balayeur, Monsieur BOURGES, pouvaient rapidement tomber dessus!
     Et de fil en aiguille, de couloir en escalier, le scooter s'est retrouvé au 3ième étage dans la chambre des pions, avec la complicité silencieuse des internes du dortoir qu'il fallait traverser.
Et dans la chambre la seule place digne était la table. Mais là l'engin manquait de vie. Qui a eu l'idée de percher en pelote l'écorché de la classe de sciences naturelles, Anatole, puisqu'il semble bien qu'on l'avait baptisé ainsi, s'est donc bien vite retrouvé au guidon du vespa, casqué, habillé prêt à partir.
Réaction de Clément à son retour de soirée? Un flegmatique " Pfuitt" Mais il n'a récupéré son engin que quelques jours plus tard.
Je crois me souvenir que la leçon avait porté ses fruits.

     7. Epreuve de dessin industriel pour le B.E.I par Jacques DION

     Nous devions être une bonne quarantaine à passer cette épreuve? durée 4 heures, dessiner techniquement une pièce sur un calque fourni par l'académie ( Rennes à l'époque ).
La salle était celle qui doit être actuellement celle du C.D.I, centre de documentation et d'information.
     Imaginez 40 tables (?) à dessin , mouture année 60, 1 mètre au carré sur crémaillère à crans, montées sur armatures métalliques! ( elles existent encore).
Nous étions séparés sur la droite et la gauche par un étroit passage, de profil, et le candidat devant ne devait pas trop gesticuler pour ne pas déséquilibrer son collègue de derrière.
Alors" Bébert" calmement, nous reproduit au tableau le plan qu'il devait communiquer à l'académie, à savoir quelques carrés stylisant nos tables et réglementairement séparés de 1m50 , nous qui devions nous prêter gommes ou crayons.
     Il n'y avait aucune salle à Laval pour un accueil réglementaire? Ou y avait il là concurrence?

8. Lieu : Atelier mécanique, travail manuel fer, place de la Trémoille par J. DION

     Toute la classe, chacun son établi, à l'étau, lime avec plus ou moins de réussite, la pièce d'acier pour mettre d'équerre le flanc par rapport à la face.
"Bébert" entre brusquement dans l'atelier et, curieusement les sifflements et les chansons s'arrêtent, seuls, les raclements des limes s'entendent dans la pièce.
     "Bébert ", avec son plus grand sérieux pousse l'un de nous de son poste, desserre l'étau, prend la pièce d'acier, et avec un doigt ou tendu ou crochu jauge l'état de surface et décrète sans sourire: travaille, ce n'est pas droit, ou ce n'est pas d'équerre !
Avec le doigt!!! Nous qui avions bien du mal à vérifier ces paramètres avec les instruments adéquats.. il voyait tout..
     Il arrivait aussi que "Bébert" désigne du doigt un ou deux élèves; cette fois DION et MARCHAND, direction la porte, " venez avec moi ", sans un mot, dans la Vedette, rue de Strasbourg; " tendez vos bras " et là" Bébert "nous chargeait de toutes sortes de limes que nous avions un mal fou à remonter, à pied, rue des Déportés, c'est lourd, çà monte, et on était bien frêles. Mais le stock d'outillage était reconstitué de cette façon.
     Toujours autour de l'atelier, il arrivait qu'un prof nous envoie tirer des plans rue de Strasbourg sur l'infecte tireuse qui sentait la m.. m.. ammoniaque et pendant les développements, l'outillage ( limes, lames de scie ) passait dans nos poches, pour les copains aussi, parce que c'était ce qui manquait le plus pour travailler.

9. Bébert toujours généreux par Jacques DION

     Un jeudi en fin de matinée, peu avant le repas traditionnellement : cassoulet ou choucroute.
Mais ce jeudi était un jour de compétition OSSU, championnat de cross. Les espoirs du C.C reposaient sur HOUSSEAU Gilbert ou DION Jacques.
Bébert : "HOUSSEAU", tu cours tantôt, DION, également.
HOUSSEAU : " oui M'sieur"
     Bébert, sortant son portefeuille d'où il extrait un billet : "Tiens, voilà cent francs, va t'acheter un steak pour toi et tes camarades, tu diras à la concierge que je t'autorise à sortir."
Effectivement nous avons gagné; enfin le C.C face à l'E.N..

10. Comment suivre un match de foot sans y assister ?

PLANTONS LE DECOR :
Dimanche après-midi d’automne.
     Le poêle ronfle dans la classe de Madame LEGENDRE
Odeur d’huile anti-poussière.
Match de foot de l’équipe première au Stade J. Yvinec.
Dans le fond de la classe les élèves consignés des petites classes.
Aux premiers rangs tous les élèves ‘clandestins'.
Après des exercices de maths au tableau , devoir à rédiger sur une copie. Aucun bruit.
Un jeune est appelé au bureau où Monsieur LEGENDRE lui chuchote quelque chose à l’oreille.
Le jeune s’en va et réapparaît quelque temps après. Même conciliabule et le jeune disparaît définitivement.
     Bientôt, après un petit quart d’heure, un autre jeune se rend au bureau.. Même scénario.
Cinq à six élèves pourront ainsi terminer leur retenue.
Nous continuons à faire notre devoir de maths et on entend Monsieur LEGENDRE dire :
«Messieurs, je crois que le match est terminé».
Nous levons la tête, et, replongeons dans les maths.
Bruit au fond de la classe ?
     Madame LEGENDRE vient d’entr’ouvrir la porte et fait comprendre à son mari qu’il est attendu chez lui.« Finissez votre travail, je reviens tout de suite ».
Re-maths . Au bout d’un moment certain, les devoirs sont terminés. Chacun attend en silence la suite des événevvments.
     Un fils LEGENDRE arrive et nous demande de déposer nos copies sur le bureau et nous transmet l’autorisation de partir.
Que faire des copies ?
     Celles-ci sont prudemment cachées (on ne sait jamais... et s’il venait les récupérer? ) pour finalement être sacrifiées dans le poêle !
     Le mardi suivant, suite à notre demande, Monsieur LEGENDRE nous donne nos notes ponctuées de commentaires.

Sans commentaire.
M.R.